Accès à la psychanalyse – L’objet, entre manque et jouissance
Bulletin de l’ACF en VLB
De quelle façon la psychanalyse envisage-t-elle l’objet ? Quel rapport entretient-elle avec lui ?
Dès ses débuts, Freud note combien l’objet supposé satisfaire l’être parlant est d’emblée frappé d’un manque : cela en fait un objet toujours déjà perdu. Ce qui vient à la place rappelle la perte inaugurale tout en se faisant le lieu d’une jouissance… insatisfaisante.
Cette dysharmonie profonde, voire ce malaise, installe l’objet à une place essentielle de la subjectivité humaine. Aussi est-ce parce que l’être parlant fait l’expérience de ce manque fondamental qu’il va pouvoir s’affronter à la question du désir – l’objet perdu s’avère ainsi cause d’un désir, cause du désir.
Comment l’être parlant élabore-t-il sa propre réponse face à l’épreuve du manque ? La clinique de l’enfant est, à cet égard, particulièrement enseignante.
Une question se pose aujourd’hui : comment, dans ce monde saturé de gadgets prêts-à-combler qu’est notre modernité, la voie d’un désir peut-elle se frayer ?
Ce numéro d’Accès à la psychanalyse apporte quelques réponses qui rappellent la singularité contemporaine de l’approche analytique en la matière.
Points forts
Ce numéro met à l’honneur la dimension de l’objet en psychanalyse et dans notre modernité.
Il contient :
– Une conversation avec Mazarine Pingeot, philosophe, qui revient sur la notion de manque aujourd’hui et en philosophie : les enjeux et problématiques que cela emporte
– Un retour à Freud et Lacan sur la question de la relation au manque d’objet. Ce dernier est toujours déjà perdu : quelles implications dans la théorie et dans la pratique ? Autour de ce rapport au manque vivotent l’amour, le goût, l’avarice : qu’impliquent ces dimensions ?
– Quel est l’objet a, cette invention de Lacan ? Comment Lacan passe-t-il de l’objet-visée à l’objet-cause ? Quels effets cela a-t-il pour l’expérience analytique ?
– Un chapitre est consacré à la clinique de l’enfant : à la fois l’appui de l’enfant sur l’objet et l’objet qu’il constitue lui-même pour l’Autre – sa position fondamentale d’objet du discours, du malentendu et de l’Autre, dont il cherche à se départir a minima en se construisant sa place.
– Quels effets la saturation d’objet en tous genres a-t-elle sur la subjectivité d’une époque ? Comme le sujet fait-il avec le plus-de-jouir et les déchets de sa jouissance ? Comment la vie se trouve-t-elle prise dans ce sillage ?
SOMMAIRE
Liminaire – Romain Aubé
Le mot du délégué régional – Benoît Delarue
Manque d’objet
Le manque selon la philosophie d’aujourd’hui – conversation avec Mazarine Pingeot
Le goût du manque – Lisa Toullec
L’ombre de rien – Dora Zaouch
Dysharmonie dans le rapport à l’objet – Romain Aubé
L’objet de l’amour et l’(a)mur – Emmanuelle Borgnis Desbordes
Une affaire d’objet a
Les deux faces de l’objet – Christelle Sandras
Destins de l’objet perdu – Danièle Olive
L’obscur objet du désir – Laure Naveau
Un regard dans la scène traumatique – Alexandre Gouthière
Chiharu Shiota : faire exister « l’absence » – Marjolaine Mollé
Subversion analytique et objet a – Isabelle Buillit
L’enfant : entre objet et sujet
Le petit Hans : sa phobie, ses objets – conversation avec Jean-Louis Gault
L’énigme et les fictions du petit Hans – Éric Zuliani
L’enfant, objet du malentendu – Sylvie Mothiron
L’enfant et sa réponse – Adeline Suanez
Métamorphoses adolescentes – Nathalie Morinière
Modes de jouir
La civilisation, c’est l’égout – Dominique Carpentier
La substance d’un plus-de-jouir – Laëtitia Belle
Je suis un junkie – Lennig Le Touzo
L’appel du gadget – Sarah Camous-Marquis
La vie est-elle un objet comme un autre ? – Caroline Doucet