Les institutions médicales, éducatives et médico-sociales reçoivent aujourd’hui des sujets, patients ou usagers, qui mettent leur personnel à l’épreuve. Les symptômes et les difficultés subjectives présentées, que ce soit par des enfants, des adolescents, des adultes ou des personnes âgées, laissent les professionnels dans un sentiment d’impuissance voire de solitude lorsque la parole, le rappel de la loi ou le médicament ne suffisent plus. Le refus, la peur et le passage à l’acte sont souvent au rendez-vous, ils deviennent vite insupportables, et la chape de plomb du silence peut s’installer durablement dans une équipe.
En effet, l’évolution du lien social, sa fragmentation, sa précarité, modifie le paysage institutionnel. Ainsi les professionnels ont-ils affaire à des individus qui décrochent (école, travail, famille), des individus qui ne font pas confiance (réticence, rejet de toute prise en charge perçue comme injonctive), d’autres enfin qui ne sont pas motivés, comme si, gagnés par l’ennui ou la capture d’un seul objet, leur désir s’était éteint.
Or l’insupportable qu’un professionnel rencontre dans son travail est en rapport avec l’impossible dont le patient ou l’usager est prisonnier. C’est donc en s’attachant aux détails de son lien aux objets, au corps et à l’Autre, que s’ouvre la possibilité d’y trouver un traitement de l’angoisse. C’est là où les enseignements de la psychanalyse et son approche clinique pragmatique trouvent leur pertinence.
Deux temps :
• Conférence théorico-clinique de 14h à 15h30, faite par un enseignant de la SCN exerçant ou ayant exercé des responsabilités thérapeutiques en institution.
• Pragmatique du cas en institution de 15h30 à 17h, où un cas est présenté par un praticien exerçant en institution.
Comment faire avec l'angoisse
Dans la clinique, l’angoisse est recouverte par des masques ou des transformations : inhibition, symptômes ; mais aussi par l’acte : acting out quand il est adressé, ou passage à l’acte lorsqu’il est “sortie de scène”, sans l’Autre. Elle peut aussi se présenter sous une forme pure, insensée, chez le névrosé adulte ou enfant. Chez le psychotique, elle se produit face à l’effondrement du sens lors des expériences énigmatiques où il se sent visé. Quant au vrai sujet pervers, on le reconnaîtra à sa manière de chercher à provoquer l’angoisse chez l’autre.
Pour la psychanalyse, l’angoisse est signal du réel, elle excède les représentations : elle ne trompe pas. C’est l’affect par excellence chez les êtres parlants. Elle ne doit pas être banalisée, réduite à un trouble comportemental ou médical à corriger ; anxiété, stress, panique. Bien sûr, lorsque son intensité écrase le sujet, il est important de le désangoisser. Mais en-deçà ou au-delà, il convient de ramener l’angoisse du sujet à sa structure. Elle est en effet la voie d’accès privilégiée du sujet au réel qui l’insupporte. Cela donne alors toute sa valeur au symptôme, qui en est le véritable traitement.
Un soignant peut lui-même être angoissé, qu’il travaille en cabinet, en CMP, ou en établissement, quand, dans la rencontre avec un patient, il se sent impuissant. Et aussi bien lorsqu’il perçoit que cette rencontre entre en résonance avec quelque chose en son plus intime ignoré de lui-même. Mais encore, lorsque dans l’institution où il travaille, le réel dénudé et sans loi vient faire effraction et faire vaciller l’organisation et les défenses de celle-ci.
Bernard Porcheret
« Vers les institutions » a lieu trois vendredis après-midi, de 14h à 17h. Accueil à 13h45.
Les dates :
Les vendredis 19 janvier, 15 mars et 17 mai 2024
Le lieu :
ADELIS, Espace Port-Beaulieu, salle Ouessant, 9, bd Vincent Gâche, Nantes
Inscription :
- À titre individuel : 90 €
- Formation permanente des établissements : 200 €