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Ces leçons forment un module indépendant de la session annuelle de la Section Clinique de Nantes.
Neuf leçons destinées aux étudiants des cursus universitaires en médecine, psychologie, philosophie, etc., ainsi qu’aux étudiants des écoles d’éducateurs, d’orthophonistes, d’infirmiers, d’assistants sociaux, etc. Ces leçons sont ouvertes à tous ceux qui souhaitent une première découverte de la clinique et de la théorie psychanalytique, et sont aussi proposées à ceux qui s’inscrivent pour la première fois à la session annuelle de la Section Clinique de Nantes.
Françoise Pilet, Remi Lestien et Éric Zuliani en assurent l’enseignement.
2024-2025 : RIEN DE PLUS HUMAIN QUE LE CRIME*
Si la psychanalyse irréalise le crime, elle ne déshumanise pas le criminel - J. Lacan
Transgression brutale ou subtile de la loi, le crime semble rompre tout lien dialectique avec la société. Et pourtant il fascine tout autant qu’il horrifie. Cet acte antisocial par excellence suscite de fait un intérêt intrigué et jouissif dont témoignent les diverses passions jamais éteintes pour le fait divers, les polars, les films policiers, ou même les films d’horreur. L’art s’y mêle souvent et les plus grands artistes en ont fait le support de quelques chefs-d’œuvre. Là où le sens commun n’y verrait qu’incarnation du mal ou action obscure et bestiale du monstre, le grand public ne s’y trompe pas. Le crime reste humain, trop humain, et… non seulement digne d’intérêt mais désirable.
Freud, quand il a prêté attention à l’Œdipe de Sophocle, a donné à cette histoire mythique la valeur d’un premier roman policier de l’histoire universelle. Avec lui on peut désormais repérer le nœud où le crime originel qui crée la loi s’attache à la loi qui crée le crime. Lacan a montré de son coté, un intérêt précoce pour les rapports entre vérité et réel quand il donne une place prépondérante et cruciale au crime d’Aimée, au cœur de sa thèse, puis un peu plus tard en prenant partie dans l’agitation provoquée par le crime des sœurs Papin.
L’impossible d’accéder à la moindre harmonie impose à l’être humain passages à l’acte et faits délictueux que toute société cherche à empêcher… en vain.
Ce que le psychanalyste peut affirmer, c’est qu’il n’y pas d’instinct criminel. Pour tout acte transgressif, on peut toujours retrouver des coordonnées signifiantes venant ordonner une jouissance, dont seul le criminel pourrait parler. Toute une série de questions ne manquent pas alors d’affluer : quelle responsabilité pour l’auteur du crime ? Comment le condamner ? Comment le punir ? Comment réparer les dégâts causés ? À quelle violence peut prétendre le pouvoir ? La criminologie comme réponse est non seulement affaire de juristes et de magistrats, mais elle ouvre un domaine éthique qui concerne la société tout entière et chacun en un ressort intime qui lui est le plus étranger. C’est pourquoi la psychanalyse y a sa place.
Nous nous poserons toutes ces questions en lisant le texte de Lacan, « Fonction de la psychanalyse en criminologie » (1950) pour y découvrir que le crime est toujours motivé, et que ce motif est ce qui l’attache à sa réalité d’être parlant.
Remi Lestien
* Cf. J.-A. Miller, « Rien n’est plus humain que le crime », Mental 21, sept. 2008, p. 7-13.
LE PROGRAMME
Chaque leçon part du commentaire d’une des parties du texte de Jacques Lacan « Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie » (1950), Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 125 à 149.
1 –Vérité – Révélation – Responsabilité
Partie I, p. 125 à 128.
2 – Crime et culpabilité
Partie II, p. 129 à 130.
3 – Crime et surmoi
Partie III, p. 131 à 133.
4 – La psychanalyse en irréalisant le crime ne déshumanise pas le criminel
Partie III, p. 133 à 137.
5 – La conception sanitaire de la pénologie
Partie IV, p. 137 à 138.
6 – Les droits de l’homme et la nature peccable de l’homme
Partie IV, p. 138 à 140.
7 – La réalité aliénée du sujet
Partie IV, p. 140 à 143.
8 – L’idéal individualiste et ses conséquences
Partie IV, p. 143 à 146.
9 – Le crime n’est pas dû à un débordement des instincts
Partie V , p. 146 à 149.
