Comment s’orienter dans la clinique
2018-2019 : Inconscient, répétition, transfert, pulsion
Que veut dire s’orienter vers le réel dans la pratique psychanalytique ? C’est entendre dans le symptôme dont le sujet se plaint une jouissance qui insiste. Elle est logée sous le versant signifiant du symptôme ; c’est son versant de jouissance, soit la répétition, l’itération d’un réel propre au sujet. C’est ce qui fait que le symptôme dure, c’est, si on peut le dire ainsi, son os. Entendre la répétition est donc fondamentalement différent d’une écoute, aussi bienveillante soit-elle, qui se limiterait à écouter le sens, voire à en rajouter. C’est ce qui différencie la psychanalyse des psychothérapies.
Lacan, en 1963, a dégagé l’objet en jeu dans la psychanalyse, c’est l’objet a, objet irreprésentable, objet cause du désir, dont la seule manifestation subjective est l’angoisse. L’objet a désormais un statut de réel, et il échappe au Nom du Père, à son universalisme. Il dénonce l’imposture du phallus et s’éloigne définitivement de la conception oedipienne de la castration. Il y a un trou irréductible, un impossible, c’est cela la castration.
En 1964, dans le Séminaire XI, Lacan en tire les conséquences quant à ces quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse que sont l’inconscient, la répétition, le transfert et la pulsion. La jouissance devient le point fixe autour duquel tourne désormais son élaboration. Le réel devient la boussole qui permet de les redéfinir chacun un à un.
L’inconscient est repris comme pulsation temporelle, ouverture et fermeture, en résonnance aux bords pulsionnels du corps qui captent la jouissance. Il s’ouvre et se ferme de manière aléatoire, imprévue, contingente. La répétition se sépare d’un automatisme signifiant, elle est répétition d’un évènement traumatique lié au hasard, tuché, rencontre d’un réel impossible à dissoudre dans la chaîne signifiante. De contingent cet élément traumatique devient nécessaire, il ne cesse pas. La pulsion va alors être directement centrée par l’objet a. Elle en fait le tour. Sa grammaire se réduit à un se faire, se faire voir, se faire bouffer etc.
Quant au transfert, il n’est plus répétition signifiante, il est rencontre, il est une mise en acte, « mise en acte de la réalité sexuelle de l’inconscient ». À côté de la supposition de savoir qui inaugure la cure, et dont l’analyste se fait l’homme de paille, il est d’emblée lesté par l’objetadont l’analyste se fait le support, semblant d’objet a.
Le désir de l’analyste est donc l’élément déterminant. À l’inverse exact de la suggestion et de l’hypnose, il maintient le plus grand écart entre les signifiants idéaux du sujet qui le pilotent à son insu, et l’objet a qu’il est pour l’Autre.
Bernard Porcheret
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