Conversation avec Ariane Oger , Psychanalyste, membre de l’ECF
Intervention de David Oger sous le titre : Hans, « impayable » naïf ?
Argument
Lors de sa relecture du cas du petit Hans, Lacan fait remarquer combien la naïveté prêtée spontanément aux enfants revêt ceux-ci d’une nature comique qui confine au « drôle[1] », à l’« impayable[2] ». Il est vrai qu’au long des échanges que le garçonnet entretient avec son père, on voit celui-ci se moquer, rire, persifler, et l’on est alors, malgré le caractère morbide du symptôme phobique qui l’entrave sérieusement, saisi par une irrésistible envie de rire, tant l’enfant se montre, à bien des égards, loufoque. C’est pourquoi Lacan recommande la lecture d’un des ouvrages majeurs de Freud, Le Mot d’esprit dans sa relation à l’inconscient[3]. Freud y consacre en effet un chapitre aux « variétés du comique[4] », et montre, au moyen d’exemples savoureux, ce qu’il y a lieu d’entendre par naïveté des enfants. Celle-ci se situerait entre le comique et le mot d’esprit : « un cas limite de mot d’esprit[5] ». Cependant, Lacan n’est pas tout à fait de cet avis. Si, souligne-t-il à la suite de Freud, la naïveté est une chose, et s’il est possible qu’un enfant puisse la feindre, un élément de l’explication freudienne retient pourtant son attention : au sein même de cette variété comique qu’est la naïveté, la présence, effective ou virtuelle de la dritte person – là où le comique est, lui, duel, et n’engage pas un tiers. Dès lors, le plaisir comique suscité par la naïveté enfantine est-il un witz authentique : en nombre de circonstances, un enfant est sans doute drôle, mais surtout, habile « maître du jeu[6] », c’est un « drôle ».
Nous en échangerons avec Ariane Oger, psychanalyste, membre de l’ECF, notre invitée à l’occasion de cette soirée préparatoire. Une indication de l’argument : « étudier la portée du comique infantile dans son rapport au jeu et sa fonction dans la psychanalyse avec les enfants[7] » sera notre boussole.
David Oger
[1] Lacan J., Le Séminaire, livre IV, La Relation d’objet, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1994, p. 295.
[2] Ibid.
[3] Freud S., Le Mot d’esprit et sa relation à l’inconscient (1905), Paris, Gallimard, 1992.
[4] Cf ibid., p. 323-411.
[5] Ibid. p. 330.
[6] Lacan J., Le Séminaire, livre IV, La Relation d’objet, op. cit., p. 296.
[7] Sokolowsky L., « Le comique dans la clinique », argument 55es Journées de l’ECF, disponible en ligne.
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Entrée libre