19ème conversation du TyA-Rennes avec Clotilde Leguil, le 20 juin 2025 à Rennes
Le terme toxique a envahi le langage contemporain, il s’applique désormais aux relations amoureuses, sexuelles, professionnelles… Tout semble susceptible de pouvoir devenir toxique aujourd’hui.
Alors, « Ne vivons-nous pas à l’ère du toxique 1 » ? , n’est-ce pas là une « faille nouvelle 2 », « le nouveau poison de notre temps 3 », un nouveau mode de rapport à l’autre ou encore une nouvelle qualification du malaise dans la civilisation dont Freud parlait déjà en 1930 ? Le toxique ne serait-il pas « cette étrange région […] où le sujet est en proie à une pulsion destructrice », un lieu d’où il « se laisse emporter par une jouissance finissant par l’asphyxier 4 » ? Autant de questions que pose notre invitée, Clotilde Leguil, dans son dernier ouvrage, L’ère du toxique, qui nous invite à réfléchir à ce que ce signifiant moderne recouvre.
« L’expérience toxique se situe en deçà du oui et du non, en un lieu où le sujet n’a pas vu venir la chose toxique 5 ». Cette proposition nous amène à interroger l’expérience des sujets addicts qui témoignent de la puissance de la jouissance en jeu, tel un : « c’est plus fort que moi » qui signe un au-delà de la volonté. Une jouissance incisive, itérative fixe sa loi et déboussole le sujet. Le toxique en soi viendrait alors souligner ce qui se situe en soi, ce qui fait poison en soi, mais qui agit au-delà de soi et qui pousse parfois au pire. Car, « la drogue matérialise ou substantifie cette jouissance qui n’est pas un plaisir. Cette jouissance qui vaut plus que la vie comme fonction vitale 6 ».
Toxique relève d’une double occurrence, celle de l’expérience du trop de jouissance qui elle-même parvient parfois à agir comme une limite atteinte : « là, c’est trop 7 ». Ce trop ou cette limite peut amener les sujets addicts à s’adresser à un partenaire du soin pour parler de cette part toxique en eux. Car, cette « expérience atteint le désir, le brutalise et écorche notre sentiment de la vie 8 ».
Le côté toxique du toxique, nous le connaissons bien, mais s’agit-il seulement du toxique en tant que drogue qui contamine le sujet ou n’y a-t-il pas chez tout être parlant quelque chose en soi qui empoisonne, qui tend à se répéter ? La parole elle-même recèle sa part toxique, car les signifiants rencontrés et l’interprétation que tout sujet en fait agissent sur l’orientation subjective de chaque-Un, au point de déterminer le rapport à sa propre jouissance. Lorsque celle-ci se présente en excès, et qu’elle devient toxique pour soi, comment la traiter ? Existerait-il un antidote, une manière pour la réguler ?
Les cas cliniques présentés ainsi que la conférence de notre invitée Clotilde Leguil, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP nous permettront de nous éclairer sur ces questions lors de cette 19ème conversation du TyA à Rennes.
1 Leguil C., L’Ère du toxique, Paris, PUF, 2023, p. 12
2 Ibid., p. 12
3 Ibid., p. 23
4 Ibid., p. 9
5 Ibid., p. 9-10
6 Miller J-A., « La drogue de la parole », Accès à la psychanalyse, no 15, septembre 2023, p. 21.
7 Leguil C., Ibid., p. 21.
8 Ibid., p. 21.
Auditorium de la Maison des Associations à Rennes
Tarif plein : 18 €. Tarif réduit : 10
Inscription préalable conseillée (places limitées)